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Contrôleur de gestion junior
22 décembre 2008

Marché de l'emploi

Malgré la crise, les jeunes chercheurs en finance restent très convoités sur le marché du travail

Ce jeudi 18 décembre, au Job market (marché de l'emploi) pour chercheurs en finance, organisé à Paris par l'Institut Europlace de finance (EIF), Fadila Palmer est contente. Cette jeune femme, PDG de Lunalogic, une société de conseil et de services spécialisée dans la finance de marché et la gestion d'actifs, est venue pour recruter de jeunes thésards. Elle est enchantée de sa moisson. "Sur dix rendez-vous, nous avons identifié quatre très bons candidats", se réjouit-elle.

A côté d'elle, l'un de ses collaborateurs, diplômé de l'Ecole Normale supérieure de la rue d'Ulm, acquiesce. Ses clients sont la plupart des grandes banques de la place, qui lui confient des missions pour créer des modèles mathématiques, définir les prix de produits dérivés, en évaluer les risques, ou pour développer les systèmes d'information.

Les modèles mathématiques ont beau avoir mauvaise presse, Mme Palmer n'en a cure. Certains de ses clients, comme la banque Calyon, ont certes arrêté des projets, "mais ils ont gardé (ses) consultants pour les faire travailler sur d'autres sujets". Son entreprise emploie une cinquantaine de consultants, auxquels elle demande d'être non seulement excellents en mathématiques, mais aussi de connaître les produits financiers complexes et l'informatique.

Les diplômés de grandes écoles (Centrale Paris, les Mines, les Ponts, l'Ensimag) qui ont fait des stages ou suivi une formation en alternance sont des candidats de choix. "Nous recrutons deux à trois consultants par mois, car les meilleurs sont happés par les banques", explique Mme Palmer. Depuis la création de sa société, en 1999, elle a recruté 150 personnes. "Nous leur mettons le pied à l'étrier", précise-t-elle pour tenter ceux que la rémunération proposée - environ 50 000 euros annuels - dissuaderait. Même besoin au stand voisin, où Virginie Valibus, directrice des ressources humaines de Riskalis, une société de conseil spécialisée dans la gestion des risques, cherche des débutants ou de jeunes thésards. "Plus que l'école, nous regardons le sujet de thèse, les publications", affirme-t-elle. Cette année leur est particulièrement propice. Les grands établissements financiers ne sont pas venus leur faire de l'ombre. A part Axa, aucune compagnie d'assurances et aucune banque n'a souhaité participer au Job market.

En revanche, les centres de recherche académique ont des postes à pourvoir. "Il faut repenser la régulation ; c'est un énorme chantier. La compétence des chercheurs est indispensable, et, dans ce domaine, les Français sont très réputés", explique Pierre-André Chiappori, directeur du programme doctoral de l'université Columbia de New York.

"Il n'y a pas que la finance de marché !, ajoute Ivar Ekeland, professeur d'économie mathématique à l'université de Colombie britannique (Canada). Il faut aussi gérer le pétrole et les autres ressources non renouvelables de la planète." Elyès Jouini, directeur scientifique d'EIF et vice-président de l'université Paris-Dauphine, relativise : "Ceux qui ont rajouté une couche de finance à un cursus d'ingénieur ne trouveront plus de job mirobolant. Mais les docteurs en finance n'ont aucune inquiétude à avoir. Même si les modèles sont devenus des victimes expiatoires. Car, au contraire, on a besoin de mieux comprendre."

"Les excès ont été commis par ceux qui ont manqué de distance par rapport aux modèles. Il faut donc au contraire plus de chercheurs. Dans le monde académique, mais aussi dans le monde financier", plaide-t-il. "Les économistes ont un rôle important à jouer pour établir une régulation plus solide, sans être un carcan", ajoute Jean Tirole, directeur scientifique de l'Institut d'économie industrielle (IDEI) de Toulouse.

Pour Nicole El-Karoui, professeur de mathématiques à l'université Paris-VI, "il faut éduquer l'ensemble du management aux limites des modèles, à l'analyse des risques, car quand un secteur affiche une rentabilité nettement supérieure au reste, les effets sont toujours les mêmes : on investit de plus en plus et on ne maintient pas de regard critique sur l'activité".

Moralité : avec la crise, chercheurs en finance et enseignants ont encore plus de pain sur la planche.

Annie Kahn , Le Monde 20/12/2008 top



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